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À QUOI ÇA RIME ?

  À QUOI ÇA RIME ? - Vers réguliers  - À QUOI ÇA RIME ? est une compilation de poèmes en vers réguliers, la plupart récents au moment où j'écris. Certains, parmi les plus anciens, ont été légèrement retravaillés pour figurer dans ce recueil. On y découvre aussi quelques poèmes "défis" composés à l'occasion de jeux à contraintes, ainsi que certaines poésies co-écrites avec une amie, Nina Gorczak, poétesse talentueuse à la plume vive, élégante et précise.  D'inspiration diverse, ces poèmes, pour la majorité d'entre eux, adoptent un style léger et abordable dans la forme, malgré la variété des thèmes abordés. ITINÉRAIRE NOS PETITS BONHEURS LE CHANT DES CIGALES S'EST TU POÉSIE PASSE... LANTERNE ALLUMÉE ESCARGOT PARDON BROUILLAGE POÉTIQUE INLASSABLEMENT INSOLITE - acrostiche - POÈME DE FAÇADE LA JOIE D'UN POÈME VITE CERTAINS SOIRS QU'EST-CE QUE J'AI FAIT DU TITRE ? DU STYLE, FIGUREZ-VOUS ! MES YEUX FONTAINE  (duo avec Nina Gorczak) PLANÈTE P VAGUE À...

Itinéraire

Bébé, une nounou le gava de carottes, Et sa peau, paraît-il, tirait sur le orange. Joufflu, dodu, yeux bleus, on le prit pour un ange, Ses couches recueillaient ses pipis et ses crottes.  Enfant, il eut très peur d'un père trop sévère,  À sa mère il offrait des fleurs et des poèmes. Il aima les dictées, haït les théorèmes,  Se mit à dessiner des nuages par terre.  Jeune, il chérit les mots plus que sa propre vie, À tel point que d'aucuns le tenaient pour malade. Quand de la dépression il connut l'escalade,  Il repoussa le verbe, et perdit toute envie.  Adulte, il retrouva l'amour de l'écriture, En fit un instrument plus qu'une épée tranchante. Redécouvrant le vers, la rime qui enchante, Il osa la garnir de quelques fioritures.  À présent, peu lui chaut la forme dont il use : La plume qu'il défend se défend d'être étroite,  On ne la fera pas entrer dans une boîte,  Tant que, sans la forcer, s'amusera sa muse. Nos petits bonheurs =>

Nos petits bonheurs

Ce matin j'ai pris un croissant, Ce n'était pas un bout de lune, Mais, je vous le dis en passant,  Il a fait toute ma fortune. Je n'avais pas de confiture,  Juste le ciel devant mes yeux ; De tes lèvres la commissure  Que j'effleurais à qui mieux mieux.  Je t'ai dit à ce soir ma douce, Je passerai l'aspirateur.  Les années passent, l'herbe pousse, Et germent nos petits bonheurs. Le chant des cigales s'est tu =>

Le chant des cigales s'est tu

À la faveur du crépuscule, Le chant des cigales s’est tu. L’été s’est installé, vois-tu ? Avec l’espoir qu’il véhicule.   Une journée de canicule A eu raison de moi. Têtu, J’écris toujours. Vice ou vertu ? Un mot de moins, et je bascule   Dans une profonde torpeur. En cause, aussi, c'est cette peur De défier la page blanche.   Quitte à transpirer sang et eau, Je me rongerai le cerveau Dès le lundi jusqu’au dimanche. Poésie passe... =>

Poésie passe...

Souvent, la tête pleine de rimes possibles  Et d'un rythme obsédant,  J'entrevois plus d'un monde auquel je suis sensible... Sans aller au dedans.  Et ma poésie passe... Ai-je manqué la cible ? Sans doute. En attendant, Si pour me consoler ces vers sont accessibles,  C'est presque un accident. Lanterne allumée =>

Lanterne allumée

Je ne réponds de rien ; Je garde Ma lanterne allumée Au cas où la nuit S'emploierait à noyer Mes certitudes.  Sans être magicien, Je farde Ce soleil enrhumé Qui pousse à l'ennui Et à s'apitoyer Sur l'habitude.  Oui mais entendons bien ; Hagarde Est la figure aimée De l'être qui fuit Pour avoir trop choyé Sa solitude. Escargot pardon =>

Escargot pardon

Un chemin de terre Un soleil de plomb La coquille craque Escargot tu meurs Sous mon pas rigide. Marche solitaire  C'est beaucoup trop long Je me sens patraque Et suis pas d'humeur J'ai le ventre vide. Escargot pardon T'avais l'air sympa Si t'étais vivant  Tu ne m'as rien dit  Je marchais tout droit. J'avais le bourdon Tu me crois ou pas C'est pas si souvent Et puis le jeudi  Je suis maladroit. Brouillage poétique =>

Brouillage poétique

Je partis poésie en poche, Je ne savais pas où j'allais. Bientôt, je me trouvai tout proche D'une énorme antenne-relais.  Soudain ma poche s'anima  D'un étonnant remue-ménage ; Ce n'était pas un bon climat  Pour un poème ! Un vrai carnage.  Sans doute trop d'interférences  Agitaient les mots. Je sentais Qu'au bout d'une rime en souffrance, Un de mes vers se tourmentait.  Ma poésie a besoin d'air ! D'air, de lumière et d'eau de source ! Vite ! Sortons de cet enfer ! Je m'éloignai au pas de course.  Les ondes s'affolaient encore Et mes deux poches palpitaient ; J'entendais qu'une métaphore Contre une ellipse s'irritait.  Je traversai mille chemins, Parmi forêts, lacs et cascades, Sans pause jusqu'au lendemain : Ma poésie était malade.  "Voilà ! Ici tu es tranquille ! Lui dis-je enfin, marquant l'arrêt.  Allez, ne te fais pas de bile, Écoute le chardonneret."  Mes poches ne remuant plus, Je crus ma poésie ca...

Inlassablement

Quand des heures j’attends le lent écoulement, Et que je prends ma plume par les sentiments,  Je pense à mon soleil, absent physiquement, Plus que jamais présent par son rayonnement.    Elle n’est pas ici, mais, inlassablement, Je pense à notre histoire, à notre engagement, Et quand viendra le jour du grand éloignement, L'un retrouvera l'autre au même firmament.    J’aurai connu une âme, un cœur, assurément, Qui a su me tirer de mon isolement, Et qui a discerné, en moi, réellement, Ce que nul n’avait vu dans son égarement.    J’aurai connu l’amour, au-delà des tourments, J'aurai appris le rire, naturellement. J'aurai connu la joie simple de bons moments,  D'une intime prière, enfin l'exaucement.  21 août 2025 Insolite - acrostiche - =>

Insolite - acrostiche -

  I l était un crapaud N iché sous un chapeau, S olitaire et crâneur, O ublieux de l'honneur. L e crâne qu'il collait, I diot, se profilait, T oujours dégoulinant, E t déjà bourgeonnant. Poème de façade =>

Poème de façade

J'ai voulu construire un poème, Alors j'ai pris du bois, des clous, Un gros nuage et un bon thème, Le reste était encore flou.   J'avais des parpaings, des oiseaux, Une truelle, une cascade, Un peu de vent pour les roseaux, Et de l'enduit pour la façade.   J'ai touillé la mer et le ciel, J'ai obtenu un joli bleu ; Il n'était pas artificiel, Pour autant, rien de fabuleux.   Mon tournevis et ma perceuse Servaient à la ponctuation, Pendant qu'une simple aiguiseuse Aiguillonnait mes émotions.   Mon poème devait paraître Assez bizarre et bien tordu, Car un lecteur, de sa fenêtre, Me dit qu'il se sentait perdu.   "Vous fallait-il amour et peine ? Lui demandai-je tout penaud. Voyez, mes poches en sont pleines, J'ai aussi quelques bigorneaux.   - Je voulais juste un vrai poème ! Fit-il, et je n'en vois qu'un bout ! - Mais, dis-je, j'ai mis ce que j'aime, Et la façade tient debout !   - Votre façade est plutôt belle, Mais ne pourra pa...

La joie d'un poème

Je vous adresse ce poème, Pour vous montrer, mes chers élèves, Qu'on peut écrire ce qu'on aime Avec des petits bouts de rêve,  Que la grammaire peut rimer Avec plaisir et même joie, Si l’on s'en sert pour exprimer Ce que l'on garde au fond de soi, Comme un cadeau que l'on apporte À tous ceux qui veulent bien lire Et sans jamais fermer la porte Aux mots pour ce qu'ils veulent dire !  Ainsi, syllabes, vers ou rimes, Accents, rythme ou alexandrins, Agiront contre la déprime Et le chagrin en un quatrain ! Vite =>

Vite

  Pourquoi faudrait-il aller vite Aller toujours plus vite ensuite On sait très bien que la conduite Rapide vite périclite  Pourquoi faut-il que l'on s'agite À quoi bon la course-poursuite La vie n'est-elle qu'une fuite Dans laquelle on se précipite  Pourquoi toujours le cœur palpite Pourquoi quand on parle on débite  Frénésie n'a pas de limite  La lenteur est-elle interdite On ne sait plus où on habite Allez il faut que je vous quitte    7 – 04 - 25 Certains soirs =>

Certains soirs

Il est certains soirs assez singuliers Où, de sa fenêtre, on voit s’effacer La lune en son jeu pourtant familier, Jeu de cache-cache entre les nuages.  La larme qui roule sur mon visage, L’ennui, le remords, les heures passées, Ces nuits sans dormir, rêves éveillés, J'aurais voulu d’un vent les balayer.  Hagard, j'entends la rivière monter, Je vois son flot noir, ses vagues charnues Charrier les restes d’amours effrontées. Je suis poussé à m'approcher du lit.  Y chercher de l'or parmi le roulis, Remonter le temps, et son fil ténu, C'est comme tenter de revoir la lune, C'est comme jouer avec l'infortune.   Qu'est-ce que j'ai fait du titre ? =>

Qu'est-ce que j'ai fait du titre ?

  Ces pensées qui vagabondent, J'en ai dix à la seconde, Et puis la principale est déjà oubliée.   On va pas en faire un monde, T'as un truc au micro-ondes, Si tu réfléchis trop ton repas va vriller.   C'était quoi le plat, déjà ? Je n'en ferai pas un plat, Vas-y concentre-toi, ça va venir, ça y est.   Tes clés où tu les as mises ?... Il n'y aura pas de crise, C'est noté quelque part, mais où est le papier ?   Et si j'oublie de manger ? Je cours pas un grand danger, Mais ça m'est arrivé, pas que le mois dernier.   J'avais quelque chose à faire, C'est pas une grosse affaire, Arrête de chercher, tu vas t'éparpiller.   Allez, ne fais pas d'histoires, Les gens ne vont plus te croire. Ne sors pas comme ça, t'as les chaussons aux pieds.   15 – 04 - 25 Du style, figurez-vous ! =>

Du style, figurez-vous !

L'Hyperbole, dis-tu ? Toujours elle exagère, Pensant que l'Asyndète n'est qu'une étrangère ! La Litote en dit moins pour en dire beaucoup, Son cousin l'Euphémisme atténue, pour le coup !  Parallélisme ? À lui, je préfère le Chiasme, Rien que par sa beauté suscitant le fantasme ! L'Antiphrase ironise, tu dis ? Pléonasme ! (Attention de ne pas tomber dans le marasme).  L'impudique Anaphore aime bien se montrer, Quand l'Ellipse s'enfuit par la petite porte... Par contre le Zeugma, s'arrange, en quelque sorte Pour, sans en avoir l'air, essayer d'y entrer !  Métaphore ? On compare mais sans les outils, Synecdoque, ou le tout qui devient la partie. L'Oxymore ? Il éclaire quand tout devient noir, Mais s'il suit l'Antithèse il va se faire avoir !  La Gradation se plait dans un beau crescendo, L'Hypallage nous prend souvent au dépourvu ! La Périphrase tourne, et tourne autour du pot, Et l'Énumération nous en met plein la vue ! ...

Mes yeux

Parfois j'ai les paupières closes, Et je vois comme en un miroir. Je sens les humeurs et les choses, Je vois des couleurs dans le noir.  Parfois j'ai les yeux grands ouverts ; Je ne vois pas ma petitesse, Et je m'englue dans mes travers En ignorant ceux que je blesse.  Mes yeux ! Faut-il que je les laisse Ou que j'apprenne à m'en servir ? Qui n'a pas eu cette faiblesse De ne savoir bien les ouvrir ?  4 - 04 - 25 Fontaine =>

Fontaine

CO-ÉCRIT AVEC NINA GORCZAK *** Il souffle un doux zéphyr au cœur de ce lieu-dit ; La fontaine esseulée a tu le son maudit  D'un rare goutte-à-goutte. Oh ! Nulle onde ne coule.  Lors des étés brûlants, la gourde en bandoulière  Se remplissait toujours sous la forte lumière.  Abreuvés, les marcheurs se grisaient du décor.  Fontaine qui fut havre, est-il un interdit  Qui pesait sur ton eau ? ... L'oracle avait prédit  Ce breuvage béni qui séduisait la foule.  Promeneur, as-tu vu les croix du cimetière ?  Sais-tu qu'il y paraît bien plus d'une âme fière  S'étant laissé tenter comme on accourt vers l'or ?  La vieille du hameau sait le charme jeté  Par feu son cher époux qui partit irrité Après qu’il eut tant bu sans vivre le prodige…  "Fontaine ! De ton eau, j'ai goûté les délices, Et cru naïvement à de meilleurs auspices ! Que ta source, dès lors, produise le poison  Qui - dans l'enfer cuisant - m'aura précipité !  A...

Planète P

  Que cherches-tu par terre ? De la prose ou des vers. Et que vas-tu en faire ? Du soleil pour l'hiver. Vraiment, tu es sincère ? Bien plus que j'en ai l'air.   Où donc as-tu la tête ? Pardon, j'ai pas saisi. Si je te dis "arrête" ? Je réponds "hérésie". Mais quelle est ta planète ? Son nom est Poésie.   16 – 04 - 25 Vague à l'âme =>

Vague à l'âme

Que fais-tu, vague à l'âme ? Pourquoi viens-tu me voir ? Ne prends pas mon calame,  Laisse-lui de l'espoir.  Qui es-tu, vague à l'âme ? Un ami qui m'en veut ? Un extincteur de flamme, Un arracheur d'aveux ?  D'où viens-tu, vague à l'âme ? De moi-même ou d'ailleurs ? Sais-tu que je réclame  Des lendemains meilleurs ?  Je t'en prie, vague à l'âme,  Quitte cet air moqueur ! Vois-tu ce qui se trame Au tréfonds de mon cœur ? Disparais, vague à l'âme ! Je ne veux plus revoir  Flotter ton oriflamme  Dans le halo du soir ! Une journée tranquille =>